NIJINSKI
L'ANGE BRÛLÉ
Nous sommes le samedi 19 janvier 1919, à la Suvretta House de Saint-Moritz en Suisse, la résidence de luxe des têtes couronnées et des célébrités. La première guerre mondiale vient de s’achever. Les privilégiés qui n’ont pas eu l’obligation d’aller servir de chair à canon prennent peu à peu la mesure des atrocités commises pour enrichir les marchands d’armes, au nom du capitalisme. Mais la haute société se sent très peu concernée par les souffrances de la multitude…
Ce soir, elle entend se dédouaner de son indifférence à l’occasion de d’une manifestation organisée pour la Croix Rouge, en se soulageant de quelque monnaie en francs suisses bien neutres.
Car l’immense artiste Vaslav Nijinski, devenu un résident notoire de Saint-Moritz, va donner une représentation… Qui s’avérera être son dernier tour de piste.
L’aura fantastique qui entoure le plus grand danseur de son siècle exacerbe davantage encore les curiosités, car chacun sait dorénavant que le génie virevoltant est atteint de trouble mental, qui le fait sombrer chaque jour un peu plus dans des délires mégalomaniaques et mystiques.
Double spectacle donc, que chacun prévoit réjouissant…
Mais chacun se trompe : ce que Nijinski donne à voir ce soir-là n’a rien de réjouissant. Nijinski souffre. Nijinski est en communion directe avec les millions de morts de la Grande Boucherie. Nijinski est au bord de l’explosion. Après cette ultime prestation, Nijinski ne dansera plus jamais.
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Remontant le temps par sauts, cabrioles et pirouettes, les souvenirs se bousculent et s’entrecroisent dans son cerveau bouillonnant, éclairant le labyrinthe de son passé comme autant de fils d’Ariane, pour former la figure tragique d’un ange monté si haut qu’il se brûla les ailes …
Le récit se déroule en trois actes, eux-mêmes divisés en différentes variations rappelant les éléments structurants d’une chorégraphie, et émaillés de témoignages et de lettres.
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TEXTE ET DESSIN
Éditions Futuropolis, juin 2022.
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